| Mike Leigh explore la très grande 
        pauvreté (mais pas seulement) de l'Angleterre du milieu du 20ème 
        siècle. Une oeuvre à la noirceur moite (ombres oppressantes 
        et omniprésentes, décors sombres et sâles, lumières 
        blâfardes...) et dont les protagonistes possède la laideur 
        des personnages de certaines oeuvres picturales (???), qui porte toute 
        la misère du monde sur leur pitoyable visage ; et on sent que le 
        réalisateur les aime ces pauvres gens. Leigh va même plus 
        loin : il aborde le sujet toujours sensible de l'avortement par le biais 
        de cette époque sans contraception, où, d'ailleurs, seuls 
        les riches s'en sortent avec les honneurs. Et Vera Drake devient le seul 
        et unique sourire, rayon de soleil de ce petit monde âpre, le coeur 
        sur la main elle procure un bonheur pourtant interdit par les lois de 
        l'époque ; elle est quasiment le seul personnage en mouvement dans 
        ce film dur mais d'une très grande beauté, brillamment réalisé 
        et extraordinairement interprété. Un drame humain complexe 
        où tous les sourire finiront par s'effacer, laissant les femmes 
        d'aujourd'hui tout loisir de réfléchir sur cette chance 
        qui est la leur : à la fois d'être libre d'avorter, mais 
        surtout et avant tout d'être informé et d'avoir la chance 
        de pouvoir prendre toute la responsabilité de leurs actes avant 
        d'en arriver là où d'autres n'avaient jamais eu le choix... |