On aura beaucoup de mal, tout au long du film, à effacer
cette impression d'être dans un beau livre d'images :
les décors absolument magnifiques et évocateurs
d'un passé fantasmé (Paris et la province*), une
photo toujours aussi travaillée pour nous faire rêver
(on reprend la tonalité des clichés anciens),
des effets à moitié discrets et pleinement efficaces...
Mais derrière ce beau monde on ne peut que regretter
un fil conducteur bien maigre, englouti dans des descriptions
qui n'ont rien de bien neuf (pas vraiment critique façon
"Les sentiers de la gloire" et tout à fait
dans le moule des nouveaux films de guerre façon "Il
faut sauver le soldat Ryan") ; c'est peut-être beau
mais c'est également un peu ennuyeux comme un film policier
-dont il se réclame- dont on connaitrait déjà
le dénouement et les ficelles. Jeunet poursuit sa période
"Amélie poulain" en nous resservant quelques
effets bien connus (*) : des apartés imagées (les
métiers), une voix off, de l'imagination populaire ("si
je le hasard me permet de faire ceci, il ne mourra pas"),
de l'humour (l'actrice principale nous ramène automatiquement
en arrière) et un style général, soigné,
très proche. Pas tout à fait convaincant.