Je suis passé à côté de Un
illustre inconnu : si je lui reconnais des qualités,
la réalisation à la fois posée et très
travaillée qui se fond avec l'état d'esprit du
personnage principal, un Kassovitz que je continue de défendre
bec et ongles et un sujet qui m'intéressait puisqu'intriguant
; un homme mal dans sa peau, change littéralement de
peau. Sauf que le film est aussi froid que son anti-héros,
impénétrable, et il est quasiment impossible de
s'y attacher un tant soit peu ; c'est une démonstration
qui manque de passion, d'une trame solide et attirante (il faudra
attendre plus d'une heure pour se faire) et pas aussi étriquée
que celle à laquelle on assiste (déguisé
/ confondu). Peut-être que l'on ne rentre pas dans la
peau de ce personnage décidément trop tordu, trop
lâche pour être un héros, jamais détestable
pour être un parfait anti-héros, pas encore assez
fou, trop destabilisant et dont on ne sait que tirer (il n'est
pas même schizophrène, simplement un asociale patenté).
Un homme incapable de vivre sa vie et qui, par procuration,
va tenter de vivre celle d'un autre, de réussir celle
d'un autre. La dernière partie est sans doute plus accrocheuse,
plus surprenante, possède plus de tenue, mais arrive
un peu sur le tard. Un film avec du potentiel et des qualités
mais qui rate le coche de la (longue) présentation de
son étonnant sujet.