Mi film d'aventure, mi western, et original à bien des
niveaux : parce que l'action se déroule au Mexique, parce
que ses personnages sortent du lot et, enfin, parce que son
fil d'Ariane n'est autre que l'argent ; et la survivance à
la fièvre de l'or.
Le trésor de la Sierre Madre se trouve
être le meilleur des remèdes contre cette fièvre
de la possession, la cupidité et cette course effrénée
vers une richesse illusoire (on n'emporte rien après
nous) dont les heureux élus sont pourtant si peu nombreux
(et pas forcément plus heureux) ; le nombre d'ultra riches
sur cette planète, comparé aux plus pauvres, en
est la preuve ultime. Métaphore toute trouvée
de la folie inhérente à l'argent, de la bêtise
humaine quant à posséder ce que cette terre nous
offre de plus brillant plutôt que de s'en tenir à
faire le bien autour de soi ; plus rémunérateur
et tellement plus gratifiant.
Car le film de Huston est humain, avant toutes choses humain,
trop humain, arguant d'entraide et de cupidité, d'amitié
et de trahison, de collaboration et de jalousie. Tout tourne
autour de l'homme : au sens générique, mais également
au sens premier. Il n'y a que des mâles dans le film,
ils représentent à la fois le Mal et l'espoir.
L'humain étant plus important que tout l'or du monde,
on trouvera de fabuleuses séquences pour appuyer cette
démonstration : il y a cette relation qui va se nouer
entre deux des héros, l'amour lointain de cette femme
inconnue qui jaillit comme une formidable piqûre de rappel,
l'accident du petit chicanos, le sort du vieux ; et de là
découle toute l'émotion du film.
C'est une oeuvre également servie par trois fortes personnalités
: le vieux sage et savant, l'ambitieux, nerveux et cupide (rôle
Ô combien ingrat mais sublime pour H. Bogart), l'honnête
, généreux et posé. Sans oublier la courte
séquence avec un personnage "rapporté",
plus humain encore.
Ils servent une histoire étincelante où la tension
grimpera avec le poids du magot... s'ensuivront la suspicion,
la compétition, la peur, la haine, la folie et, bien
évidemment, le crime. Viendront se mêler morale
et appât du gain. Mais cette morale, au final, sera implacable,
remettant les pendules à l'heure : car c'est bel et bien
sa fin, sans happy end véritable, qui démarque
Le trésor de la Sierre Madre de bien
des productions d'alors et d'aujourd'hui : cynique, réaliste,
mais pour autant optimiste (à la manière des rires
un rien nerveux des deux acolytes).
Le film n'est pas seulement d'une grande beauté scénaristique
: derrière ses faux airs de western (échanges
de tirs, bandits, cavalerie, justice expéditive...etc)
et son aspect hyper documenté, sa réalisation
au cordeau, millimétrée est d'une beauté
saillante ; sublimée à la fois par des images
léchées et une musique entêtante.