La Révolution Industrielle a fait son œuvre depuis
un demi-siècle, la Grande Dépression enfonce le
clou des temps modernes...
Ah ! Cette première image nous présentant des
moutons qui se ruent !! Une image qui donne le ton du film et
le virage pris par son auteur avec, pêle-mêle, des
critiques à tout-va de :
- Le patronat surveillant étroitement ses employés,
ordonnant plus de rentabilité, asservissant ses ouvriers
pour son profit.
- Le Fordisme / Taylorisme et leurs gestes répétitifs
dans une séquence aussi drôle que stressante. Et
dans des décors prodigieux.
- La mécanisation et la modernisation à outrance,
jusqu'au nourrissement des ouvriers, tel qu'on le ferait pour
le bétail (véritable séance de torture
abosluement délirente et géniale!) ; le bétail
humain d'une société devenue inhumaine.
- Le chômage destructeur, même pour cet "inadapté
social" qu'est Charlot, et ses conséquences désastreuses.
- L'écrasement par la police des manifestations de grévistes
affamés. Des citoyens plus heureux en prison qu'au travail
!
- Les rêves consuméristes que nous font miroiter
les grandes surfaces emplies d'objets, ici, essentiels comme
la nourriture... essentiels mais inaccessibles aux plus pauvres.
Les temps modernes nous rappelle combien Chaplin
était mordant, aiguisé, engagé et d'une
virulence rare, hautement critique envers le monde dans lequel
il vivait. Il démontre -et démonte- par le biais
du rire combien est stupide, inhumaine et aliénante la
vie et les conditions de vie d'un ouvrier de l'époque,
finissant par rendre les gens littéralement fou à
lier. Avec comme solution évidente un retour à
l'essentiel : l'amour, la nature et le bonheur dans la simplicité.
Les temps modernes est une série de
sketchs hilarants et toujours aussi... modernes ; et d'une inventivité
sans limite. Entièrement dédié aux plus
pauvres des citoyens américains des années 30
: le film est devenu un pur et intemporel chef d'oeuvre.