Un film en costume, certe, mais sous le regard virtuose de
Martie. Des plans longs, des compositions signifiantes et renversantes
d'intelligence et de finesse (le repas aux bougies, très
guindé ; l'annonce de la grossesse), une caméra
parfois suggestive pour être dans les souliers du héros
malheureux, un montage très souvent audacieux ; visuellement
et techniquement le film est un pur ravissement. Un style qui
convient parfaitement au genre qu'il sert : c'est tout simplement
beau ; et novateur.
Mais Le temps de l'innocence est également
une oeuvre descriptive s'il en est, contée en voix off,
avec des intrigues de manoir qui m'ont laissé froid,
des troubles amoureux qui ne m'ont point fait frémir,
des non-dits pudiques qui m'ont lassé, la description
d'une société oisive et immensément riche
qui ne m'a jamais fait vibrer. Un vieux monde où les
conventions sociales l'emportaient sur les désirs personnels,
ou les intérêts d'un monde trop puissant effaçaient
les passions individuelles. Rien de plus que ce que nous ont
déjà proposé tant d'autres films de ce
type, rien qui ne me touche.
Nous étions en droit, de la part de cet auteur de talent,
d'attendre un dynamitage en règle de ce genre guindé
: d'où ma déception répétée,
vision après vision, malgré la délicatesse
du travail.
De toutes façons il y a Daniel Day Lewis et Michelle
Pfeiffer, alors...