Une simple évasion tourne au vinaigre : une histoire
d'autant plus folle qu'elle est véridique.
Sugarland express semble hésiter entre
le drame (la scène symbolique et extrordinaire avec le
cartoon "Bip Bip et Coyote") et un brin d'humour toujours
avenant, ne ressemblant pas à une oeuvre de Spielberg
: en réalité il s'agit de son tout premier long
métrage tourné pour le cinéma ! C'est une
balade paisible et folle, pas banale, touchante, s'appuyant
fortement sur tous ses personnages et essentiellement sur ces
deux anti-héros paumés qui se retrouvent dans
une spirale dramatique après avoir décidé
d'aller retrouver leur bébé, placé dans
une famille. Lou Jean et Clovis sont deux jeunes adultes écervelés
mais gentils, une femme-enfant à la naïveté
confondante et son homme, amoureux prêt à tout,
les deux enfants d'une Amérique pauvre qui n'ont pas
eu les armes pour affronter la vie et qui, de petits vols en
petits crimes se retrouvent, fuyards, dépassés
par une situation qui déraille. Menant en bâteau
une police tout aussi dépassée qu'eux. A cela
s'ajoute d'autres personnages qui gravitent autour de ces Bonnie
& Clyde improvisés : car c'est aussi l'histoire des
liens qui se tissent avec leur otage, le gentil et jeune policier
embarqué malgré lui dans une aventure hors du
commun. Et celle de ce vieux brisquard de flic au coeur tendre
coordonnant une poursuite inédite, sans doute touché
par le but noble de ces deux âmes en peine et par leurs
faiblesses...
Un Spielberg sans effet ni faste mais un film qui atteint son
but : nous émouvoir du sort de ses personnages et nous
étonner avec un scénario solide et original.