S'il n'est pas parfait, Selma est un film
utile, intelligent et techniquement brillant. Car la réalisation
est un bien bel ouvrage (ouvrez la parenthèse) : mettez
significativement en parallèle les plans sensiblement
identiques de la scène où la dame noire se faire
refouler à l'inscription sur les listes électorales
et celle, dans le minable 50 nuances de Grey,
de la 1ère rencontre de Grey et Anastasia, où
comment signifier avec brio et par quelques plans la discrimination
raciale dans Selma ; par contre pour Grey
c'est un pur contresens où une absence de savoir-faire
(fermez la parenthèse). Ce film est une étude
en profondeur du travail de M. L. king pour donner enfin aux
afro-américains un véritable droit de vote ; ce
n'est pas seulement un biopic vide de sens et un nouvelle exposé
sur la lutte des Noirs. Martin Luther était un homme
brillant, intelligent, fin stratège et possédant
un recule incroyable sur la situation de son pays et de son
"peuple". Alors si le film s'étiole parfois,
en son milieu, devenant un livre d'histoire un peu austère,
bavard, plus classique (les problèmes de couple), c'est
un témoignage, un témoignage que l'on connaît
que trop, c'est vrai, mais éclairé sous un jour
nouveau, sous un angle stratégico-politique. Dommage
que notre intérêt s'effrite, la faute à
un monde et son Histoire qui nous ont déjà tellement
blasé, plus qu'aux éventuels défauts intrinsèques
du film. C'est un effort de mémoire nécessaire,
fort et riche, à l'heure où un président
noir siège à la Maison Blanche et où l'on
a peut-être tendance à oublier que ces millions
de blancs chrétiens répondant soit-disant au message
de paix et d'égalité du Christ, nombre d'entre
eux ont des milliers et des milliers de mort sur la conscience
; n'oublions pas que la jeune et chrétienne Amérique,
de par ses guerres internes et externes, a déjà
beaucoup de sang sur les mains...