The secret : Un sujet en or, a priori, et
un film qui nous fait baver puisque nous forçant à
nous poser nombre de questions : est-ce l'histoire d'une banale
légende urbaine ? Un nouveau psychokiller, humain ou
autre, dans la longue tradition du genre ? Une série
B qui semble hésiter entre fantastique et drame ? Tout
cela est vra, tout cela est faux, et la conclusion -les conclusions-
ne manqueront pas de vous surprendre. Car ce film tient rudement
bien la route, son atmosphère étouffante, poisseuse,
original et très personnelle est palpable : d'ailleurs
je reste sur mes positions en affirmant que Laugier est l'un
des plus grand réalisateur actuel ; son travail reste
ici dans le domaine du symbolisme, sa maitrise est totale, sa
puissance rare tout comme la finesse de ses plans. Les décors,
à la fois grandioses et froids, participent pour beaucoup
à la singularité du film. La musique y est noire,
mais également et étonnament douce dans les moments
où le drame est plus posé, afin de le magnifié
; le montage est aiguisé et effroyablement efficace.
On nous présente les USA par le bout de la pauvreté,
du chômage, de la déprime, voir des déviances
: voici le véritable sujet du film. Le topic, justement,
parlons-en ; le scénario amène parfaitement l'histoire
de par sa crédibilité (à peine tué
dans l'oeuf lors de la scène un peu poussive d'enlèvement
: ce sera la seule faute de goût du film, à mon
sens), l'intrigue première étant de découvrir
qui est ce "Tall man" plus ou moins fantastique et
récidivist acharné. Mais le twist va nous mettre
un bon coup derrière les oreilles, sans pour autant tuer
le film, retournant l'histoire comme une crêpe, la relançant
vers d'autres horizons, vers son sujet véritable et d'autres
questionnements : pourquoi ??? Car c'est une oeuvre qui possède
un mystère à double fond, à deux temps
: elle parle tout d'abord aux parents que nous sommes, ou serons
un jour, de cette peur de perdre l'être le plus cher à
nos yeux (la ville est morte sans ses enfants), le twist contituant
alors l'articulation du film, relançant l'intrigue pour
nous emmener petit à petit vers des explications : et
cette fois le scénario joue sur l'amour des enfants,
amour extrême, ainsi que sur la souffrance infantile et
son remède "radical" ; la souffrance : un sujet
qui hante toute l'oeuvre de Laugier. N'oublions surtout pas
cette voix off qui n'est autre qu'une intrigue presque parallèle,
un sujet ambivalent ; on ne choisi pas ses parents... Le tout
est porté par une héroïne ambiguë, hitchcockienne,
que l'on ne peut ni haïr ni aimer ; J. Biel est absolument
incroyable dans ce rôle. Original, réfléchi,
happant, solide et écrit avec les tripes. La vérité
est ailleurs...