Souvenir traumatisant d'une séance au ciné-club
: le sombre destin d'une enfant star, arrogante starlette, et
au final simple comète avant sa déchéance.
Autant que la destinée de sa sœur... plus chanceuse
devant le succès avant qu'un terrible accident ne les
réunisse de force...
Le film se compose dans un noir et blanc tranchant, aux ombres
suspicieuses et menaçantes, envahissantes, étouffants
peu à peu les protagonistes ; ce sont de véritables
zones d'ombre de l'âme de Baby Jane, pénombre qui
s'étend sur cette prison dorée qu'est leur maison.
Bette Davis impose une présence quasiment démoniaque,
sauvage, brute, effrayante et monstrueuse ; elle est hallucinante
à tout points de vue. Tout en méchanceté,
en fourberie, en vile jalousie, contrastant avec la bonté
infinie et pas loin d'être naïve de sa pauvre sœur.
Baby Jane est une actrice frustrée, vieillissante, s'éloignant
toujours de sa gloire passée et sombrant peu à
peu dans une folie inéluctable en s'en prenant à
sa soeur.
Qu'est-il arrivé à Baby Jane
c'est également une étude sur le thème
du Bien et du Mal, revisité façon Caïn et
Abel, féminisé et modernisé. Mais ici le
meurtre biblique ressemble à une longue séance
de torture... Avec son final bouleversant qui offre une toute
autre lecture de l'oeuvre, du caractère des personnages,
de leur relation absolument ambiguë et de la réelle
méchanceté de Baby Jane. Effarant. Profond.
