Un film qui effectue quasiment le grand écart entre
le fond et la forme ; entre un scénario hyper classique,
pour ne pas dire classieux (sans pour autant être mal
écrit, bien sûr), en tous les cas beaucoup trop
pour nous immerger en totalité dans l'histoire, et un
Mann bien décidé à transgresser les codes
d'un genre un rien poussiéreux.
D'un côté nous avons des mitraillages, une longue
course poursuite entre le flic et le brigand (joués très...
classiquement) et une love story qui aurait mérité
un développement en intensité, de l'autre un film
qui abandonne les aspects typiquement soignés du film
noir pour un travail visuel au plus près de son sujet
: des gros plans en veux-tu en voilà, qui donnent le
tourni, une réalisation entièrement caméra
à l'épaule, très "mode", et où
Mann en fait un peu des tonnes, une photographie un rien numérique,
réaliste mais sans grain, qui met en avant les personnages
et les objets de premiers plans.
On sent les bonnes intentions, on essaie de se laisser porter
par ce nouveau souffle, la réussite n'est pas tout à
fait là et on restera sur notre faim quant à l'histoire
de Dillinger (valait-elle la peine d'être racontée
?) ; les dernières scènes sont cependant magnifiques
à tous points de vue.