Un drame, au sens le plus noble et le plus fort du terme.
Le genre de film qui vous prend aux tripes et ne vous lâche
plus : angoisse, pitié, moiteur, rage et folie sont au
programme. L’histoire semble pourtant convenue : un flic,
jeune retraité, jure de retrouver l’assassin /
violeur d’une petite fille. Mais les coupables ne sont
pas ce qu’ils paraissent, la retraite n’est pas
si paisible –rongé qu’il est par sa promesse,
largué par sa nouvelle vie- et, sous l’aspect tranquille
de son existence à la campagne avec une pauvre femme
et sa petite fille, l’ex flic va commetre l’irréparable
pour coincer son obsessionnel tueur (dont on n’est jamais
vraiment sure de l’existence, finallement) : il va l’appater
avec la gosse. Mais le film ne s’arrête pas là
où les classiques le font : le tueur ne tombera pas dans
le piège... mais il mourira dans un banal accident de
la route sans que jamais personne ne connaisse vraiment son
visage ou son identité (la piste fournie est volotairement
floue... et elle nous fait drôlement cogiter). Pire :
le flic n’aura pas honoré sa promesse, il ne saura
pas que l’assassin est mort, il perdra la femme et la
fille, l’admiration de ses collègues et finira
seul, fou, au milieu des ruines de sa nouvelle vie.
Ce film nous met en situation instable car on ne sait pas ce
que la tournure des évènements nous réserve,
le suspense hyper-réaliste nous fragilise, les personnages
sont psychologiquement décortiquer afin de nous transmettre
leurs peurs, leurs solitudes, leurs passions, leurs angoisses,
leurs folies... Tout participe à notre incertitude (chose
rare et précieuse au cinéma) et à notre
émotion : des acteurs absolument parfaits (voir M. Rourke
pleurer à l’écran est hautement émouvant),
un montage au couteau, implacable, auquel on n’échappe
pas et on ne ressort pas indemne, les décors sauvage
et, enfin, S. Penn, qui continue à nous fasciner tant
son travail relève de l’orfèvrerie cinématographique,
où chaque détails est important pour recréer
ce que le scénario nous suggère.
Sublime et inoubliable... ne vous attendez pas à bien
dormir ce soir.