Un américain à Bangkok.
Un citoyen américain en mal d'aventure part à
la recherche d'une île, loin des sentiers touristiques
traditionnels proposés par les tour operators.
L'un des films les plus décriés de son auteur,
La plage rend effectivement D. Boyle méconnaissable
dans un 1er temp, tant il semble sagement, trop sagement, mettre
en scène cette histoire post-soixante-huitards et idéaliste
mâtinée de drogue. Son récit est d'ailleurs
tiède dans sa manière d'aborder l'aventure, la
love story et les idéaux libertaires, à la fois
maladroite, déséquilibrée et aux personnages
vaporeux. En réalité La plage
est une œuvre qui met longtemps à trouver son rythme,
sa raison d'être.
Loin de valoir (toutes) les mauvaises critiques qui l’ont
accueilli, dans quelques années ce film sera certainement
réintégré à l’œuvre de
Boyle. C’est une oeuvre qui parle de paradis impossible
tout en appelant au rêve, à l’espoir sans
donner pour autant de solutions parfaite et sombrer dans une
qulconque naïveté. On y voit le fonctionnement d’une
communauté à la recherche du bonheur le plus absolu
: isolement dans une île paradisiaque et même protection
de la part des paysans –jusqu’au meurtre-, absence
de loi, de chef au sens strict, un fonctionement qui semble
démocratique, un minimum de travail, des jeux, de l'amour
libre, de la drogue plaisir.
Mais La plage reste un oeuvre désabusée
où tout volera en éclat : les intrus commettent
l'irréparable, les paysans révèlent leur
vraie nature pour protéger leur bien, la nature elle-même
se rebelle (les requins), l’isolement étend son
emprise (sur Daffy comme sur Richard, le poussant au pire, dans
l'antre de la folie). Quand l'idéalisme se retrouve confronté
à l'humain, sa jalousie, ses conflits d'intérêts,
son amoralité mais également aux forces incontrôlables
de la nature... Moralement cette société autarcique
révèlera son aveuglement envers toute imperfection
à son égard, refusant tout grincement dans ses
rouages parfaitement huilés : le blessé en paiera
durement les frais...
Les superbes images contrastant avec les propos, La
plage abordent des thèmes variés, comme
la marijuana, les associaux ou encore la violence : l’univers
de Danny Boyle est bel et bien là.
Et Di Caprio en aventurier ingénu, peureux, virant à
la folie, est très convaincant.