Bien sûr il y a le défi technique très
hitchcokien du film ; pari gagné. Une formidable richesse, une
grande diversité, voir une certaine ingéniosité des
plans utilisés par Schumacher afin de nous faire totalement oublier
qu'il filme une cabine téléphonique une heure durant ! Bien
aidé qu'il est par un scénario qui élague tout superflu,
reste extrêmement dense afin d'intensifier le suspens ; pari amplement
gagné : on ne voit pas le temps passé. Mais le véritable sujet du film est certainement la réflexion orchestrée autour d'un genre : le psycho-killer. Le scénariste (un Larry Cohen toujours aussi discret que formidable) se plait à rire du pseudo trauma infantile du tueur (lui aussi en rit !), se moque du célèbre "négociateur" (la psychanalyse du flic vaut son pesant de cacaouettes...), des différents thèmes utilisés et usés par le genre et même du dénouement (que l'on ne révèlera pas, bien entendu... mais vous êtes prévenu), avec un ton empli de dérision et de froideur. Et puis il y a les thématiques chères à Schumacher : un air moraliste et provocateur. Le bad guy n'est pas si mauvais dans le fond, il se trompe sans doute de méthode, mais il ne fait que détruire le mal qu'il voit sur Terre (on se rappelle de "Le droit de tuer ?" ou de "Chute libre"). Le méchant est ambigu, le propos aussi (cf. le final...), la morale un peu tordue mais toujours bien présentée (il n'y a que les salauds qui meurent...), la frontière entre le Bien et le Mal toujours aussi floue. Récurrent ; c'est ce qui fait le charme de cet auteur. |