A une série d'images plus ou moins chocantes et pour
le moins énigmatiques succéde la présentation
de l'intrigue : une infirmière vient en aide à
une actrice devenue soudainement muette, au beau milieu de l'interprétation
d'une pièce.
Quel réalisateur, quelle griffe, quel univers visuel
inimitable, véritable virtuose de l'image qui se cache
derrière un aspect pourtant si tranquille, parfaitement
minimaliste. Persona est tout d'abord une réflexion
sur le théâtre, l'interprétation d'une vie
qui n'est pas sienne afin de masquer la propre existence. Jouer
un rôle jusqu'à qu'il efface son propre Moi. Nous
fasse disparaître. Une oeuvre plus globalement arguant
de la dualité naturel de l'être humain, ce qui
me parait tellement plus juste que de parler de Bien et de Mal
: nous sommes plusieurs "persona" (le plan du lac
en miroir). Les deux actrices ne semblent d'ailleurs ne plus
être qu'une : elles se ressemblent, l'une parle pour l'autre
; elles se complètent. Se devinent. Se dédoublent.
Se confondent. Se "nourissent" de l'autre.
Réflexif, d'une grande violence, à l'intrigue
solide et pourtant totalement introspectif, Persona
est une oeuvre pénétrante où
l'actrice, muette, apprend à écouter son infirmière
qui se confie incessamment à elle, à vivre à
travers elle, à travers ses mots.
Et puis c'est un film sublimement auto-centré sur ses
actrices : la sublimissime et éternellement souriante
Bibi Anderson... et la puissante Liv Ullman.