Un nouveau "gouffre aux chimères". Lou est
une créature de la nuit, attirée par les bruits
et les lumières, par tout ce qui peut se voler et se
marchander ; et il va trouver une nouvelle marchandis très
rentable... Night call bénéficie
d'une réalisation feutrée et d'un regard sans
concession sur le monde écoeurant d'un certain type de
journalisme TV. L'histoire d'un pauvre type qui filme la misère
du monde et vend ses images : Gyllenhaal est une fois encore
phénoménal dans ce rôle totalement hors
cadre d'un personnage toujours et absolument sûr de lui,
froid et psychotique dans son approche du monde, des gens ("Ce
sont les gens que je n'aime pas"), à l'apparence
niaise mais d'une redoutable intelligence, négociateur
acharné et pathologique qui va devenir peu à peu
effrayant et plonger dans l'amoralité la plus totale.
Son regard totalement alluciné va finir de nous faire
plonger dans son petit monde réglé comme une horloge,
son projet, et ce jusqu'à l'écoeurement et le
malaise. Le film va monter peu à peu en puissance et
cracher sur ces journaleux sensationnalistes, véritables
mouches à merde quand ce ne sont pas des hyènes
sans âme, voyeurs sans morale, vampires assoiffés
de sang et prêt à tout pour gagner leur guerre
médiatique, guerre de l'info en exclusivité. Le
film pousse tout simplement le bouchon à l'extrême
-mais on se demande quand même où pourrait ce situer
la part de réalité-, le journaliste défiant
les lois et passant du statut noble d'informateur, de transmetteur,
à celui de metteur en scène / scénariste,
pliant les évènements à sa volonté.
Un film indécent et brillant, trouble et troublant.