L'existence d'un petit américain, né un 4 juillet,
depuis les parades d'enfance, les yeux pleins d'étoiles,
jusqu'aux manif' pacifistes face à la violence du pouvoir
en place. Depuis l'Amérique idéalisée des
années 50, Amérique chrétienne, riche,
prête à partir à la guerre la fleur au fusil,
se cherchant un ennemi pour asseoir sa suprématie ; jusqu'à
l'Amérique meurtrie, défaite et honteuse des années
post-Vietnam, juste avant la chute pitoyable d'un Nixon.
Stone s'adapte subtilement et magnifiquement : aux images sublimes
des Etats-Unis d'avant la guerre, répondent celles, orangées
comme l'enfer, images de combats dont le montage est plus cut,
plus percutant, images volontiers sanglantes. Puis, enfin, celles
d'après la guerre, plus naturelles et tout à la
fois torturées...
Oliver Stone crache sur ce patriotisme niaiseux, aveugle, il
se raconte pour avoir fait lui-même cette fichue guerre
et l'avoir déjà si bien décrite dans Platoon.
Stone décrit avec force le conflit vietnamien, ses combats
et surtout ses abominables conséquences, tout aussi inhumaines.
Ou comment la guerre métamorphose un honnête et
fier citoyen en un héros devant se confronter à
la réalité d'un monde auquel il n'appartient plus,
un monde qu'il ne comprend plus, un monde qui a changé.
Né un 4 juillet est un pamphlet vibrant,
violent, virulent et amer, sans concession ni filtre. La description
crue d'une nation capable de tout pour enrôler des troupes
mais incapable de traiter décemment ses enfants, ne serait-ce
que soigner ceux qui ont tout perdu pour elle. Le patriote n'est
alors qu'un pion, un sac de viande et de sang béni dans
l'obéissance.
Et il y a des scènes qui resteront ancrées dans
nos mémoires : celle du discours est bouleversante, comme
la confrontation avec sa mère au retour de la guerre
ainsi que l'annonce déchirante, comme un aveu, à
la famille d'un soldat mort dans d'atroces conditions...
Sans aucun doute l'un, si ce n'est le meilleur rôle de
T. Cruise : sa métamorphose progressive d'adolescent
juvénile et un rien candide en un vétéran
déchéant, sali, est bluffante. Totalement bluffante.
Le tout enrobé d'une musique déchirante.