Ce film nous présente un Sherlock Holmes en fin de
vie, quasiment seul et malade (Alzheimer ?). En cherchant à
se remémorrer sa dernière enquête -et par
là même le pourquoi de sa retraite-, Sherlock va
confronter sa vision du récit de fiction avec ses souvenirs
bels et bien réels ainsi que les conséquences
de ses points de vue, de son honnêteté. Mr
Holmes est un film propre, net, bien comme il faut
et d'une grande élégance (Condon est un immense
et trop méconnu réalisateur qui s'est quelque
peu fourvoyer avec une vilaine saga...). Sir McKellen y est
une nouvelle fois irréprochablement doué à
camper un vieillard atteint de sénilité, et à
vous tirer les larmes lorsqu'il le faut. Reste un film qui peut
paraître de prime abord assez anodin, les pièces
du puzzle de la large première partie ne s'imbriquant
pas forcément et ne laissant pas nécessairement
imaginer où veut en venir l'auteur, mais dont le dénouement
est d'une grande intelligence ; le tout baigné d'un brin
d'humour. Le scénario est peut-être un peu long
à se décanter, à nous mettre sur la bonne
voie, voilà tout. Car si l'affaire en elle-même,
son parfum de mystère humain et sa tragédie, demeure
succulente et chargée d'émotion, déchirante
jusqu'en sa toute fin et subtilement explicative, si le drame
intense est concentré sur sa toute fin, le but de tout
cela est encore ailleurs : il s'agit de la confrontation entre
la fiction et le réel / la vérité. Holmes
tente d'écrire sa propre histoire sans les fioritudes
de la littérature inventées par son acolyte Watson,
mais il s'apercevra, se souviendra à ses dépens,
que cette réalité non enjolivée n'est pas
forcément salvatrice et finalement ce qui compte vraiment,
c'est ce qui reste.