Le monde de Nathan : pas évident de 
                  traiter de l'autisme au cinéma... Trop documentaire et 
                  l'oeuvre s'avèrera tellement didactique et pesante ; 
                  trop hollywoodienne et elle entrera en concurrence avec plus 
                  fort qu'elle (Rain man). Alors il suffit d'un 
                  angle d'approche différent (ici, les mathématiques) 
                  et d'insister intelligemment sur la (les) différence 
                  (s) ; et ce film est en ce sens, et en bien d'autres, une complète 
                  réussite. Il démontre avec justesse et nous projette 
                  dans ce "monde" très particulier qu'est la 
                  vision autistique du monde tel que nous le connaissons ; intolérance 
                  à l'imperfection, au désordre et au changement, 
                  extrême réactivité aux stimulus extérieurs, 
                  émotivité et intériorisation émotive 
                  (également au coeur du film). Une façon intéressante 
                  et originale de décoder ce fonctionnement, sur le fil 
                  du rasoir, entre le handicap et le génie, le tout sans 
                  être trop démonstratif, sur un joli air de balade 
                  (la superbe musique et ses allures de Neil Young). Mais la force 
                  de ce film -par ailleurs très bien soutenu par sa réalisation- 
                  est d'ouvrir le champ des possibles et de la réflexion 
                  : nous allons passer du choc entre l'élève intello 
                  et les élèves normaux où le héros 
                  accuse la différence, à une espèce de normalisation 
                  (il se" normalis"e, confronté qu'il est à 
                  d'autres autistes, d'autres élèves forts en maths) 
                  qui nous emmènera ensuite vers une autre différenciation, 
                  culturelle cette fois (Angleterre / Chine).Parcours O combien 
                  riche d'enseignements. Et la conclusion d'ouvrir une nouvelle 
                  porte, plus générale mais tout aussi subtile : 
                  l'homme n'est pas une vulgaire machine, un simple animal, mais 
                  une alchimie complexe de solutions insolubles (l'âme, 
                  par exemple), rarement carré, indéfinissable, 
                  inquantifiable et non-mathématiques, indémontrable 
                  et si peu rassurant ; l'homme est un être aimant, doué 
                  de raison et d'amour (le "X+Y" du titre en V.O.), 
                  et cet amour ouvrira les yeux de notre jeune héros, et 
                  sans doute un peu les nôtres. C'est un film tellement 
                  plus riche que son sujet et supposé précepte de 
                  départ !