Melody a tout le mérite de posséder un thème aussi intéressant que brûlant et sujet à quelques polémiques -dont ce n'est nullement le propos du film- dont on se fera juge ici ; dommage qu'il soit réalisé avec aussi peu d'emphase. Une oeuvre froide alors qu'elle évoque la maternité, froide comme la vie solitaire de cette jeune femme et mère porteuse, froide car induite par une caméra qui ne nous laisse que très peu d'air, collant littéralement à son personnage principal, accumulant les plans trop anodins pour transmettre les émotions et la force nécessaire au film, une caméra trop neutre alors que le sujet ne s'y prête pas (deux protagonistes, tour à tour "héroïne") et une réalisation souvent trop aléatoire (le champ / contre champ évité lors de la scène de l'accouchement). Mais c'est une oeuvre contemplative sur le sort de deux femmes, deux personnages à la puissance renversante : la femme qui ne peut procréer et la jeune femme née sous X qui portera son enfant. Entre méfiance et complicité maternelle, ce sont deux histoires croisées d'une très grande richesse ouvrant toute la dramaturgie du film et constituant le "nerf de la guerre", nous poussant à la réflexion malgré nous. Les thématiques sont également fascinantes : la naissance mise en exergue avec la mort (la scène où Melody met sa main sur la bouche de la femme pour voir si elle respire est hautement symbolique), le désir d'enfanter et de laisser quelqu'un derrière soit, le fait de devenir mère. Un très beau scénario qui nous permet d'emporter l'histoire avec nous, longtemps après la vision du film. Alors chassez le naturel et il revient au galop : la femme ne porte pas un enfant comme on porte un vulgaire vêtement, des liens et des connexions complexes se créent... je trouve pour ma part que cette situation est inutilement compliquée, tordue même, slalommant non seulement entre les législations de divers pays mais réniant la nature même d'une maman : porter un enfant c'est l'adopter de facto, l'assumer jusqu'au bout ; l'adoption permettant sans doute de briser ce lien qui lie l'enfant à sa mère biologique. Finissons par souligner que la dernière scène est somptueuse et nous rappelle que l'on vient de découvrir deux très grandes comédiennes (Primée à Montréal). |