Le corps d'Harry a été tué accidentellement
par un chasseur, pas très loin d'un petit village,
très rural. C'est l'automne, les arbres de la campagne
sont jaunes-orangés. Et c'est une œuvre visuellement
très, très soignée, un véritable
régal pour les pupilles. Et pas seulement pour nos
yeux.
Comme nombre d'oeuvres d'Hitchcock Mais qui a tué
Harry ? possède des dialogues proprement succulents,
savoureux d'humour, Hitchcock également prenant un
malin plaisir à nous promener avec son histoire, transformant
sa scène de crime en un lieu de passage drôlatique,
piétinée de nombreux quidams. La scène
devient alors un jeu de m'as-tu vu où le but est de
se débarrasser du cadavre, rester discret et trouver
qui... a tué Harry ?
Le film est en réalité est une imbrication de
récits autour d'un même machabée, récit
de divers personnages qui viennent mettre une lumière
explicative sur le crime, d'apparence limpide au début.
Et d'une évidence on passe par nombre de doutes, des
éclairages divers avant une surprenante et extrêmement
drôle révélation. L'intrigue y est suffisament
épaisse et gouleyante pour nous captiver sans mal,
une intrigue en forme d'histoire à plusieurs voix qui
s'entrelacent, se croisent subtilement, se décroisent,
et où tout le monde semble avoir tué Harry à
un moment ou à un autre !
Le ton léger de la comédie rend le film irrésistible
et savoureux. Un must scénaristique.
(SPOILER)
Le meilleur hommage à ce petit chef-d’œuvre,
pas assez connu à mon sens, du maître en reste
très certainement un résumé de l’histoire
que j'avais écrit il y a une vingtaine d'années
(ne pas lire si vous voulez garder la surprise...).
« Un enfant découvre un cadavre dans la campagne
et il part chercher sa mère pour l’avertir. Pendant
ce temps un chasseur le trouve à son tour, mais comme
il vient de tirer un coup de feu, il pense l’avoir tué…
sur ces entrefaites il est surpris par une vieille fille qui
ne veut pas d’histoire et qui jure qu’elle ne
dira rien à personne et finit même par l’inviter
à boire le café (ils se connaissent…).
Elle part et le chasseur cherche à cacher le cadavre
alors qu’il est sans cesse dérangé par
quelque chose ou quelqu’un : la mère du petit
qui finit par reconnaître son mari, que l’enfant
ne connaissait pas, et qui semble plutôt heureuse de
cette mort, un vagabond qui pique les chaussures du cadavre,
un docteur lunatique qui trébuche sur le corps sans
le voir et un peintre qui voit en lui une future œuvre
et le dessine. Le chasseur va finalement se montrer et tout
expliquer au peintre qui va entreprendre sa petite enquète
auprès de cette étrange mère et veuve
épanouie. Pendant ce temps on découvre que la
police est à la recherche d’un chasseur sans
droit de chasse et que la vieille fille est une fieffée
menteuse…
La femme du mort apprend au peintre qu’elle a frappé
violemment et chassé son mari il y a quelques heures.
Le chasseur et le peintre décide d’enterrer le
cadavre sans ne rien dire à personne. Mais le chasseur
découvre à son tour que le coup de feu qu’il
a tiré a bel et bien tué... un lapin, et qu’il
n’est pas un meurtrier, lorsque l’enfant ramène
l’animal et qu'il explique avec humour et une innocence
d’enfant que « hier était aujourd’hui
et qu’aujourd’hui est demain » ; et nous
de ne pas chercher à comprendre ces idées de
gosses… On déterre le cadavre, vérifie
les dires du chasseur et on l'enterre à nouveau. Sur
ces (nouveaux) entrefaites la vieille fille vient avouer que
c’est elle la meurtrière, afin de disculper le
chasseur : elle l’a frappé à la tête
alors qu’il l’attaquait ; elle désire se
dénoncer à la police. On déterre le cadavre
puis, à force de l’en dissuader, on lui fait
entendre raison et on enterre encore le pauvre corps !
C'est alors la police arrête le vagabond qui avoue avoir
vu le cadavre ; il rend même ses chaussures. Le peintre
est tombé fou amoureux de la veuve mais, pour se marier,
il doit prouver que son mari… Ils partent donc tous
ensemble pour déterrer une nouvelle fois la victime.
Le docteur du village les surprend, ils n’ont d’autre
choix que de le mettre au courant et demande une autopsie
pour en avoir le cœur (enfin) net : celle-ci se fera
chez la veuve. C'est alors que la police découvre la
peinture montrant le visage du cadavre et que le vagabond
l’identifie : le peintre est par conséquent soupçonné.
Tout le monde, sauf le docteur pour l’instant, se retrouve
chez la veuve, le cadavre dans la baignoire, ses vêtements
nettoyés. Quand le policier débarque, il se
fait bluffer par le peintre qui, en lui expliquant sa peinture,
transforme le mort en personnage bien éveillé.
Le chasseur, peureux, trouve une excuse et part. Le docteur
arrive, on fait croire au flic que le gosse est malade ; le
flic part, alerté par le klaxon de sa voiture (mais
il s'agit du chasseur en réalité, qui en a profité
pour voler les pompes du cadavre, maladroitement laissées
dans la voiture). Résultat de l’autopsie : Harry
(le mort) est décédé d’une crise
cardiaque !!! On le remet à sa place initiale, le gamin
va le redécouvrir volontairement et alerter la police.
Son explication sera toute simple : hier étant aujourd’hui…
il l’a donc trouvé aujourd’hui !