Magic in the moonlight s'avère être
du TRES grand W. Allen, peut-être l'un des plus "pensé"
de ces dernières années, en tous les cas le plus
philosophique depuis des lustres. Doit-on vivre heureux dans
l'illusion et le mensonge ou préférer la triste
réalité par pure honnêteté intellectuelle
? Et tout le film va tourner autour de cette question, de ce
double thème du mensonge / vérité : la
magie qui n'est qu'illusion et mise en scène / la divination
sans trucage, la croyance en un au-delà rassurant / l'incrédulité
pathologique de celui qui ne croit pas sans avoir vu (dixit
le Woody incroyant), le mensonge de la beauté physique
/ la réalité de la beauté intellectuelle,
l'allégresse / l'acariâtreté. En ressort
un film tour à tour pince-sans-rire, sarcastique et fortement
emprunt de cynisme, en tout les cas très, très
drôle dans ses réparties, mais un scénario
peut-être guère convaincant dans sa structure (l'entourloupe
est une évidence, le magicien se convertit un peu vite)
bien que suffisamment bien écrit pour nous embarquer
(le retournement de situation est savoureux et participe pleinement
au développement du thème majeur du film). Ce
qui pouvait n'être qu'une gentille moquerie sur le spiritisme
finit par aborder, à embrasser dirais-je, les thèmes
plus riches que sont la religion ou Dieu, réfléchissant
finement autour des termes de la crédulité / l'incrédulité,
du bonheur / désenchantement, de la vie / la mort. Si
les personnages sont un peu caricaturaux, même dans l'humour,
si Colin Firth fait bien évidemment son "Woody Allen"
sans l'envie de s'approprier le rôle, on a aucun mal à
retrouver nos marques. Si la fin parait trop mielleuse par rapport
à l'ensemble (mais l'intellect l'emportant sur la beauté
et la richesse...du moins pour l'héroïne), le film
possède d'évidentes qualités visuelles
(étrange que les films français ne sachent pas
autant mettre en valeur les paysages de leur pays... quand on
sait que le directeur de la photo est français !) et
Woody emballe très plaisamment son oeuvre. Donc, et selon
le maître new-yorkais, la religion ne serait qu'un tour
de magie destiné à nous faire accepter la mort
après une vie de bonheur, à nous duper ? Pourtant
au final son héros choisira la beauté physique
et mensongère, non ?