Le monde de la finance et ses dérives morales (on s'enrichit
sur le dos des plus pauvres en les faisant miroités ;
plus cruel que Madoff) ? Les limites de la richesse extrême
(drogues, alcool, instabilité, absence de limites...etc)
? Beaucoup de gens se sont un peu rapidement arrêtés
à ces évidences faciles mais je pense que le message
de Scorsese va plus loin. Il nous décrit la débauche
assumée et indécente d'une société,
jusqu'à l'écoeurement, pour nous signifier que
nous sommes une espèce de Rome Antique au bord du gouffre
; arrivée en haut de l'échelle nous en avons oublié
l'essentiel de ce qui fait de nous des gens bien, de ce qui
nous fait réellement avancer : la morale et l'humanisme.
Aujourd'hui, sans limite, l'argent est devenu le seul maître,
le dieu-dollar finit par être notre seule et unique balise,
le fric notre seul et unique religion pour se construire ; dieu
volatile qui nous donne de faux repères, nous enivre
et nous aveugle. Le scénario brasse d'ailleurs une multitude
de thèmes fascinants et sur chacun d'entre eux on pourrait
rebondir aisément : l'ambition, l'american dream, le
parcours d'un self made man, le mensonge / le sophisme... Scorcese
nous fout un joli tournis, il donne une fougue formidable à
son film mais manque peut-être un peu de ce génie
qui caractérise ses meilleures oeuvres (même si
la différence entre sa façon de filmer la scène
du resto du début et les autres dialogues du film induise
une belle réflexion de la part de l'auteur). Le "futur"
oscarisé McConaughey passe admirablement le relai à
un Di Caprio dont le rôle semble lui avoir été
taillé sur mesure. Le loup de Wall Street
(ben, oui...) est une oeuvre aussi drôle que choquante,
et c'est toute sa force et son intelligence, un film borderline
qui marche sur la corde raide, entre le rêve (soyons honnête
2 minutes : vous feriez quoi, vous ???) et dégoût,
un film moral puisque critique puisque distancié, même
si c'est à la toute fin, qui nous explique par l'exemple
que... la fin du monde est proche ?