Loin de la foule déchaînée
aurait pu n'être qu'un nouveau film en costume "à
l'anglaise", maniéré et insupportable : mais
c'est avant tout l'histoire d'une femme chef d'entreprise dans
le monde hyper masculin des fermiers. N'exagérons rien
: on ne trouvera pas trace ici d'E. Brontë... Chassez le
naturel et il revient au galop : l'auteur n'y coupe pas et développera
les thèmes qui semblent coller définitivement
à l'époque victorienne ; rapport de classe, de
sexe et d'argent, ainsi que des amours en mode "Pourquoi
faire simple quand on peut faire compliquer". Même
si ici la force psychologique de cette femme d'affaire est à
mettre en exergue avec son manque d'expérience amoureuse
qui la feront inévitablement se tromper... après
il faut bien qu'il y est une histoire à raconter ! Et
Vinterberg nous laisse une copie sans faute, ose même
ça et là "dépuceler" le genre
à l'aide de plans qui passeraient pour osés, originaux
voir carrément anachroniques tant les auteurs qui se
sont attelés au genre jouaient principalement la retenue
(parfois très qualitative). Son travail est sublimement
souligné par une musique intense et une photographie
somptueuse. Reste que le récit est souvent haché,
adaptation hoquetante, même si le traitement des personnages
n'est en rien affecté par ces secousses.