Leviathan brasse nombre de thèmes
mais brasse également beaucoup d'air et de pellicule
: cela reste sur le fond une oeuvre sur la corruption légendaire
de la grande Russie (le leviathan en question étant le
maire et plus globalement le pouvoir). Mais c'est tellement
dilué dans la vie de tout ces personnages que l'on finira
par trouver anecdotique -cinématographiquement parlant-
que le film tombe complètement à plat. Que cherche
donc à nous démontrer son auteur ? Un schéma
riche / homme du peuple (ville / nature également) pour
nous démontrer que la force du pouvoir, qui attire l'argent,
permet de s'octroyer tous les droits, notamment sur la justice,
la police voir la religion (le maire est plus assidu que le
propriétaire). Pas de scoop en perspective, pas plus
politique que sociologique, ou social : les russes boivent beaucoup,
sont croyants (ou pas), se remarient et se trompent. Aucune
grande scène ne vient émerger de ce drame (je
pense à la séquence de "chasse au portrait"...
mise à mal) et en se dispersant le film perd en force,
ne nous parle pas vraiment, ne nous étonne pas, et le
drame relâche tout son caractère, nous laissant
tristement indifférent. Pourtant, sur le papier, le film
était déprimant au possible et très riche
émotivement : il s'agit tout de même de nous conter
comment le destin s'acharne sur un homme miséreux et
toute l'amoralité de cette situation. Si l'enquête
semble vouloir relancer le film à quelque 1/4 d'heure
de la fin c'est pour mieux déboucher sur ce à
quoi on s'attendait. Une fable trop épaisse pour être
complètemenbt déprimante mais joliment mise en
image.