Tarantino ou le chant lyrique de la violence... le cinéaste
de l'apogée sanguignolante et festive est de retour et
ça va faire mal (la séquence de manga sous acide
morriconien est un must !) ; même si on le sent un peu
bouffé par d'omniprésentes références
pas toujours bien digérées mais extrêmement
joyeuses, le film est un patchwork de couleur et de méthode
sur la ligne conductrice d'une vengeance sommes toutes (tant
mieux !) classique mais épicée d'un montage renversant.
Un véritable univers -dans lequel on peut avoir du mal
à entrer- pour une oeuvre en dent de scie, cadrée
par un réalisateur qui ose, qui atomise, qui secoue bien
fort et qui, surtout, se fait plaisir : la variété
de sa grammaire cinématographique est toujours aussi
renversante, extraordinaire de précision et digne d'un
travail d'orfèvre, ouvrant sur une oeuvre d'une beauté
intense. Du ciné-homage aux série B pour spectateurs
exigeants -de Truffaut à Kato en passant par une pléiade
de films de kung-fu-, dans un élan "grand public"
(la méga-violence irrévérencieuse plus
que la réflexion casse-noisette) et par un véritable
auteur depuis longtemps reconnu, une oeuvre pour les cinéphages,
un plaidoyé pour le cinéma asiatique, entre longs
dialogues (pas toujours du plus bel effet) et des combats homérique
à l'exagération spectaculaire (le combat dans
la maison japonaise est carrément jouissif... allez,
avouez-le !). Un univers de dissonances sur un air de rhapsodie.
Ébouriffant. Musicalement éclatant.