On débarque dans un Harlem éclairé par
la photo de Dickerson, éblouissant devant la caméra
superbement maniérée de Lee, réalisateurs
aux idées réjouissantes (les dialogues en duo
-et en marche comme sur un tapis roulant- sur les trottoirs).
On passe en revue tous les protagonistes et on double tout ça
d'une étude sociétale abordant le thème
de Roméo et Juliette, version New yorkaise-afro-italienne,
explorant tous les enjeux qui vont avec : préjugés
et haine raciales, difficultés de vivre au grand jour
un amour toujours interdit dans les années 90. Quelque
soit la couleur de peau. Film chorale dense, multipliant les
thématiques riches, autant raciales, qu'amoureuses, adultères,
familiales, entrepreunariales... Jungle fever
sous ses faux airs de comédie possède une tendance
analytique et réflexive assez poussée, des dialogues
fournis et une sensibilité à fleur de peau. La
mise en parallèle de deux frères que tout oppose,
l'architecte et le camés, donne un aperçu / raccourci
d'une communauté partagée entre déperdition
et intégration.
Le tout servi par une palette d'acteurs investis, avec l'immense
A. Quinn (acteur favori de mon grand-père...), et une
musique qui nous accompagne incessamment.
C'est une œuvre chaleureuse, musicale, où l'on se
sent bien, une oeuvre qui dit encore beaucoup de chose sur l'Amérique
d'aujourd'hui.