Journal d'une femme de chambre
est plutôt une bonne surprise pour moi qui ne cours pas
après les "films en costumes" et plus globalement
ne suis pas grand fan des oeuvres de Jacquot (avec tout le respect
que je lui dois). Et ma première satisfaction fut de
voir qu'il est difficile de reprocher à son metteur en
scène de ne pas avoir tout faire pour dynamiter son film,
le genre et par la même le roman originel : réalisation
incisive, inventive, moderne et bien pensée. Plus qu'une
éternelle love story contrariée comme se plait
à les décrire inusablement les oeuvres de ce genre
(je ne connaissais pas le livre), celui-ci préfère
une décription des moeurs et autres mimiques de la bourgeoisie
française d'une certaine époque (à peine
un siècle de cela), mettant ainsi en parallèle
la vie d'une domestique et faisant surgir sa haine envers les
nantis prétentieux qui ont finalement tout à perdre.
Un récit plus cru, plus engagé, plus rentre-dedans
et grinçant. Si le film n'est pas parfait, la faute en
revient essentiellement au scénario : les aller-retour
dans le passé sont très mal amenés malgré
la présence continuelle d'une thématique, la relation
Joseph / Célestine -au coeur de l'intrigue- est finalement
trop peu fouillée ; dommage car il est rare de voir des
films d'époque traiter de manière frontale des
problèmes d'un temps trop souvent idéalisé
: antisémitisme à coeur ouvert, rapport de classe
extrêmement tendus (fossé riches / pauvres), pauvreté
crasse, la triste condition féminine, la violence de
l'époque (le faible poids de la vie des enfants)... Un
film "socialiste", au sens noble du terme, qui au
final semble être le préquel d'une oeuvre encore
plus fascinante puisque mettant en scène la victoire
des classes pauvres par-delà les lois ; une sorte de
Robin des bois à la française...