De ces films qui débutent par leur inéluctable
conclusion.
Je n'y peux rien, je suis absolument fasciné par la façon
que possède De Palma de réaliser une oeuvre :
cette caméra mobile et pleine d'emphase qui porte le
récit. On pourrait croire qu'il y a moins de recherche
formelle de la part du maestro dans ce film alors qu'il se fait
plus subtile, plus discret mais tout aussi efficace. Un nouveau
régal pour les yeux et les sens, un véritable
ballet aux images léchées, où le moindre
dialogue est étudié et retranscrit en image en
fonction de l'émotion du moment.
On retrouve dans Carlito's way son thème
de prédilection : un gangster notoire, à sa sortie
de prison, cherche la rédemption en se rangeant des affaires.
L'impasse est l'archétype du film de
gangster à l'américaine -italien, ou portoricain
dans ce cas- où le héros est toujours rattrapé
par les troubles de son passé ; le gangstérisme
y est à nouveau vu comme une impasse, une voix sans issue,
même s'il persiste une vraie fascination pour ce monde
de flingue, de filles, de came, de fric et de puissance relative.
Car on touche ici du doigt la véritable dangerosité
du milieu : les amis qui trahissent, le passé qui vous
suit, la police qui toujours soupçonneuse, les ennemis
cachés, les règlements de compte, les dettes...etc.
On peut voir le destin de Carlito comme un prolongement de celui
de Scarface : magnifique partition où Pacino retrouve
l'un de ses rôles fétiches. Les personnages y sont
puissants, autant dans l'attachement que dans la répulsivité
(l'avocat campé par S. Penn est parfaitement abject).
Une perle à la mécanique superbement huilée,
ardente, brillante, baroque et généreuse, qui
s'achève de la même manière qu'il a débuté
: dans une impasse...