Imitation game est d'emblée un immense
film : B. Cumberbatch est imposant, intense dans sa façon
d'aborder le rôle et tout en finesse pour mettre en avant
l'incroyable égo de Turing ; immense tout comme cette
machine "Enigma" et l'histoire de son décodage,
la musique voluptueuse de A. Desplat, toujours en parfaite adéquation
avec les images, la photo absolument superbe, l'humour qui ne
manque jamais, le montage en forme d'aller-retour dans le temps
qui nous permet à la fois de comprendre l'ambiguité
du personnage et surtout les enjeux de ce scénario absolument
gé-nial. Turing est fascinant de par sa différence
assumée, aussi intelligent qu'odieux et à la psychologie
complexe. Une oeuvre transcendante, drôle, passionnante
et surtout formidablement intelligente, ce qui est suffisamment
rare pour être fortement souligné : brillant comme
le personnage principal autant que le sujet et la complexité
de ses enjeux qui se révèle peu à peu,
tout comme la beauté des stratégies qui nous sont
dévoilées. Le but, l'enjeu unique du film, parait
simple mais rien ne l'étant jamais l'histoire se complexifie
à merveille, doublant son scénario d'intrigues
parallèles et développant nombre de thématiques
; on découvre par ailleurs un aspect étonnant
de la guerre : son autre visage, l'envers du décor, prouvant
que celle-ci ne se gagne pas uniquement sur un champ de bataille.
A ce sujet la Seconde Guerre Mondiale est sans doute devenue
la première où le poids de la technologie et de
l'intelligence a autant pesé. Alan Turing est héros
méconnu qui méritait amplement un film, ainsi
que le père de notre monde moderne.