Le meilleur film français de l'année 2008
(??? Je ne les ai pas tous vus non plus !) ? En tous les cas une perle
qui doit tellement à son écriture. Des personnages principaux
et secondaires d'une grandeur et d'une véracité psychologique
étonnante ; même si ces rôles ne seraient, une fois
de plus, rien sans leurs interprètes respectifs (Kristin Scott
Thomas m'a carrément abasourdi, depuis la première image
-une véritable morte-vivante- à sa "crise" en
fin de métrage ; allucinant !). La véritable richesse du
film tient donc à ses personnages, notamment ses seconds rôles
d'une épaisseur rare, surlignés avec une justesse de ton
étonnante, des seconds rôles qui mettent en valeur le film
dans toute son entièreté (les fillettes, le flic, les amis).
Et puis il y a l'écriture du film : le réalisateur-scénariste ne m'en voudra certainement pas si j'ose appeler cette oeuvre un "film anti-rohmerien". Un thriller dialogué, un vrai thriller, où la victime est harcelée par la société, dans un film qui suit l'évolution dramatique du genre "policier" : à chaque image une nouvelle donnée relance la question de départ et le spectateur atteint un niveau supérieur de compréhension (le spectateur participe et ne risque pas de s'ennuyer malgré l'absence logique de scènes plus mouvementées) ; et on progresse ainsi de rebondissement en rebondissement, par le biais d'une écriture tout ce qu'il y a de plus fluide, précise et implacable, par petit cran l'auteur construit un suspens impeccable, et ce jusqu'en sa conclusion (même si on l'aura deviné avec un petit temps d'avance...). Un scénario qui n'hésite pas à nous parler, comme dans cette image de quelques secondes, inutile en apparence, où les parents appellent les enfants afin qu'ils rentrent parce qu'il fait nuit. Face à cette merveille d'écriture, je ne peux qu'être vert de jalousie : l'ellipse finale m'a achevé ! La réalisation n'a pas besoin d'esbrouffe : une vision simple mais rarement anodine (Cf. la première rencontre du flic avec la femme : on ne voit que la bouche -façon G. Noé-, puis les yeux, et enfin tout le visage de l'homme). La musique est également dans le même registre : elle fait tant avec si peu de notes. Alors non : ce n'est ni du Rohmer (ouf !), ni un thriller à l'américaine, ni un drame larmoyant, encore moins un mélo : mais le film délivre de subtiles doses d'émotion palpables qui nous vont droit au coeur... et nous de pleurer. Un sujet cinématographiquement osé dans la mesure où son traitement est habituellement plus proche du polar surjoué. Un sujet qui débouche sur un second niveau de lecture, encore plus brûlant, pour ne pas dire tabou, et devient un témoignage bouleversant, vous prenant aux tripes dès le départ, émouvant et rare, d'une force surprenante. Pas un film : un cri d'amour (celui que l'on a pour nos enfants), un appel à jeter un regard différent sur les apparences. Une oeuvre qu'apprécierait forcément Bryan Singer. |