Il existe pléthore de films de guerre, notamment sur
l'emblématique Seconde Guerre Mondiale. Autant de films
à la gloire de héros divers et variés que
d'oeuvres tout aussi hétéroclites dont certaines
resteront au panthéon du 7ème art : Il
faut sauver le soldat Ryan en fait résolument
partie.
Et il aura suffit d'une seule séquence -mais quelle séquence-
pour en faire une œuvre majeure. Une scène impressionnante,
puissamment immersive et inconcevablement chaotique, mais pour
autant maitrisée ou la caméra va chercher le combat,
la moindre balle, et les transforme en vision infernale, en
une séquence aussi barbare qu'hyper réaliste.
Elle prend le spectateur par la main et le prend à témoin
de la violence extrême du débarquement, de la boucherie
d'une telle opération. Vingt-cinq minutes d'une intensité
grave et effarante auquelle répondra une dernière
scène d'assaut de 25 autres minutes tout aussi émotionnante.
Au travers des combats le réalisateur touche pour ainsi
dire du doigt un genre auquel il ne s'est pourtant jamais frotté
: le cinéma "horrifique", abordant la violence
de ce film de manière frontale, franchement expressive
et volontier sanguinolente.
D'où l'idée symbolique que de sauver ce soldat,
dernier survivant d'une fratrie de quatre, tel un espoir pour
le futur d'une famille entière, pour ne pas dire d'un
idéal, mais au prix du sacrifice de précieuses
vies humaines, dépassant l'idée de nation, de
liberté... Ce qui ne cessera de perturber l'âme
et la morale de ces soldats, coincés entre courage, peur,
abnégation et combat avec la mort.
Une histoire d'hommes qui trouvent, qui découvrent une
once d'humanité durant la terrible guerre, une âme
sacrificielle, un but propre alors qu'ils luttent si loin de
chez eux dans une guerre qui n'a qu'à peine touché
leur territoire.
Il faut sauver le soldat Ryan est donc une
oeuvre en flux tendue ou la maîtrise de Spielberg est
tout bonnement impressionnante : sa caméra -pourtant
souvent portée- offre une lisibilité incroyable,
de même que le monsieur se permet des plans à la
beauté renversante. L'art de la mise en scène
dans toute sa splendeur. Cette photographie grisâtre imprégnera
également nos pupilles à jamais, comme si l'ombre
de la mort habillait chacune des séquences.
Il faut sauver le soldat Ryan est tout bonnement
un chef-d'œuvre du genre.
"Chaque fois que je tue un homme je m'éloigne un
peu plus de chez moi".