Cette maîtrise de l'espace de par ses profondeurs de
champs, cette bande son omniprésente -presque envahissante
; vent et cigales-, ces gueules burinés de cinéma,
ces décors empruntés et évocateurs, cette
caméra qui cherche les regards et les perspectives et
les points de vue intimistes et les mains, ces zooms obsédants,
ce montage au couteau, ces dialogues aiguisés, cette
violence aveugle, cette musique entêtante qui sublime
les images et contribua, elle aussi, à redéfinir
l'art du "western". Il était une fois
dans l'Ouest est une oeuvre de sensations exacerbées,
de moments d'attente et de passion.
Sergio Leone filme le temps qui passe, qui s'étire, qui
se découvre peu à peu avant d'exploser en violence
; souvent avare de dialogues, il se serre de tout ce que lui
offre le cinéma pour nous narrer son histoire. Et il
nous propose une narration multiple (scénario de S. Leone,
D. Argento, B. Bertolucci) : celle de l'homme à l'harmonica,
celle de Cheyenne, celle de Frank et celle de la jeune épouse.
Et une intrigue qui sert de liant. Une intrigue à base
de riches terres à exploiter et de vengeance, qui tient
à bien peu de choses. Classique.
Ce film a redessiné un genre pour en faire un nouveau.
Cartoonesque, maniéré, dessiné, jouant
constamment avec ses images et celles de ses personnages suant,
pas foncièrement féministes, sarcastiques et ambigus
: tel est le bien mal nommé western spaghetti. Une petite
révolution formelle sur un air de déjà
vu : suis-je le seul à trouver sa dernière demi-heure
un tantinet trop longue et évasive ?