Dans ce film chaque plan est comme du velours, chaque plan
possède sa raisin d'être, chaque mouvement de caméra
est finement étudiée en amont, occupant et redéfinissant
l'espace filmique (incroyable dernière scène).
Et personne ne filme la nuit aussi bien que M. Mann.
Suite à l'exceptionnelle présentation des personnages,
nous embrouillant dans un "qui est qui", s'ensuit
un braquage de fourgon blindé qui tourne mal puis un
fabuleux jeu du chat et de la souris, dans sa variante urbaine
et violente.
Le scénario prend le temps de développer profondément
ces personnages qu'un M.Bay encadrerait en quelques lignes de
dialogues et deux punchlines ; des protagonistes qui vivent
leur vie de famille devant nos yeux, nonobstant leur problèmes
professionnels. Et ce jusqu'aux nombreux seconds rôles
: ainsi le film, équilibré, rejette tout manichéisme,
refusant de donner le beau rôle à qui que ce soit.
Et le casting finit aisément de vous faire tourner la
tête, au-delà du choc des deux titans. Il est par
contre dommage que Danny Trejo soit complètement laissé
sur le côté.
Heat est un thriller semi-noctambule sur un
scénario plus complexe que son pitch ne le laisse supposer,
un polar moderne aussi enveloppant qu'envoûtant ; peut
être le plus romantique des thrillers. Précis jusque
dans la résonnance des tirs de fusils mitrailleurs entre
les immeubles, jusque dans ses dialogues qui vont droit au but
et savent frapper fort.
E. Goldenthal reprend haut la main le flambeau de J. Hammer,
dans une partition électro-métallique et sensible.