Gone girl est un film de D. Fincher : quelques
plans métronomiques et la photo jaune / grise nous plonge
à nouveau et avec grand plaisir dans son univers griffé.
Mais cette fois ce sont les défauts du monsieur qui vont
émerger, ceux observés dans Panic room
ou encore The game : un scénario à
la maîtrise aléatoire, à la fausse mélancolie.
Le vrai sujet du film est assurément le couple : de sa
naissance à sa "séparation", ponctuer
de tous les aléas qu'un couple peut subir au gré
d'une vie (désir d'enfant, problèmes financiers,
tromperie, disputes...) ; et il faudra bien garder cela en tête
: lorsque les amants feignent, jouent un jeu pour l'autre, tout
n'est alors qu'apparence, théatralité (qui est
la plus vrai : l'Amy écrivain ou son personnage ?). Car
le film va vite, malgré ses 2h30, et c'est ce rythme
bancal qui m'a empêcher de m'immerger totalement dans
son atmosphère toute particulière, au-delà
des couleurs, d'une réalisation léchée
et au scalpel, d'une R. Pike toute en nuances et de sa musique
joliment lancinante. Etrange car le spectateur y est invité
-à pénétrer dans l'oeuvre- tout au long
de l'oeuvre : il est pris par la main, découvre les tenants
et les aboutissants de l'enquête au même moment
que les protagonistes (policier, soeurs, différents héros),
n'a jamais un seul temps d'avance sur eux, le scénario
prend un malin plaisir à brouiller les pistes, pas celle
de l'enquête véritablement, à peine celle
du fin mot, mais celles qui nous conduisent à dire :
"mais qui est donc le vrai héros de l'histoire ?".
A ce jeu il est vrai que le film est une perle, audacieux, ambigüe,
suave. Mais B. Singer est bien meilleur à mon sens quant
à rendre les apparences trompeuses : plus qu'un film
à twist complètement appuyé sur son scénario,
c'est un polar un peu tordu, au climat étrange, qui avance
à tatons, boitille, sonne parfois carrément faux
au travers d'une enquête qui n'est pas si surprenante
que ça et pêche à vouloir être trop
descriptive, ne laissant pas le spectateur libre de ses mouvements
intellectuels ; tout semble couler de source et le suspens est
tué dans l'oeuf. Ce film manque tout simplement de relief,
est un peu gauche à vouloir travailler la seule psychologie
biscornue de ses protagonistes. Il y a une sorte de dichotomie
qui ressort après la vision de ce film : il parait plat
et presque ennuyeux en surface, comme une série de scènes
presque discordantes, peut-être trop étiré
finalement, mais si l'on se prend à creuser un peu il
y a un travail plus fouillé, induit par un montage allusif
et d'une très grande habileté, sur la vie d'un
couple et les rapports de domination qui y existerait en son
sein (la fameuse notion de "héros" dont je
parlais précédemment), l'amour et ses jeu de rôle.
Sans oublier la charge contre certains journalistes, plus proche
de mouches à merde que d'investigateurs. Je reste effectivement
très partagé vis à vis du scénario.