Plus moderne qu'il n'y paraît sur le principe (le vieux
monsieur qui va forcément séduire la très
jeune femme), et surtout mis en scène dans un bel écrin
de couleurs passées, dans un Paris typique et cosi, avec
cette entêtante petite mandigotte qui renverse le film
et me renverse tout autant.
Un entertainer au bord de la ruine va faire une rencontre qui
lui donnera une idée géniale : remettre au goût
du jour la danse dite du "French cancan". Où
l'on découvre un Gabin dans un rôle léger
et dansant.
J'émettrai de prime abord et une nouvelle fois des réserves
sur le temps qui a usé le scénario : film assez
classique sur le montage d'un spectacle populaire et la création
fantasmée du célèbre Moulin Rouge. Mais
c'est avant tout une oeuvre qui discourt autour de l'amour par
le biais de ce quatuor amoureux, de ces relations compliquées
et de ces rapports de jalousie ; on grince des dents face à
ce patron de cabaret tenté par la chair -profiteur mais
pas mauvais bougre cependant-, on peste face à la naïveté
exaspérante de sa maîtresse, on s'émoit
du destin tragique de son amoureux transi, et on se découvre
une véritable empathie pour ce fiancé sincère
et spolié.
Faussement historique, mais suffisamment dramatique, si French
cancan n'est pas à mon sens une pièce
maîtresse dans la filmo de Renoir, sa beauté formelle
vaut amplement son succès et sa réputation. Même
si ce monde du "cancan" ne m'inspire pas plus que
cela et me paraît, quant à lui, très vieillot
et d'un sexisme passable, à une époque où
l'on s'enflamme devant une affiche avec une femme en maillot
de bain, le film reste très daté. Pourtant les
numéros proposés ne sont pas, techniquement, sans
rappeler parfois ceux de notre hip hop moderne.