La french est un film bien fichu, plus une
série B haute-gamme et une oeuvre de genre qu'autre chose.
Car ce n'est pas l'originalité qui nous soulève
puisqu'on connaît le refrain et les couplets par coeur
: bras de fer entre police et criminels, ripoux, meurtres, drogue,
fiestas californiennes, filature, racket, menace, dessous de
table, règlement de compte, problème familiaux,
abandon, retour et fin. Tout y est. Si Dujardin en impose vraiment,
Lellouche, que j'aime beaucoup par ailleurs, n'impressionne
pas assez en grand méchant et manque le côté
"empatique" de son personnage (sauf sur la fin). Jimenez
n'est pas encore Scorsese en ce qui concerne l'emballage, mais
il est vrai qu'il a du style, radicalement différent
de l'américano-italien ; sa caméra est toujours
en mouvement ce qui n'est pas forcément judicieux sur
certaines scènes plus intenses et posées. La photo
est somptueuse, toute en nuances, la musique est parfaite, nous
plongeant dans l'ambiance marseillaise, la bande-son puissante
et il y a de grandes scènes, voir de très grandes
scènes disséminées tout au long du scénario
mais plus concentrées dans la dernière moitié.
Pourtant il manque quelque chose, un petit quelque chose à
cette oeuvre digne : un petit rien pour la faire sortir de son
cadre stricto sensus et de sa trop grande application à
servir un genre ultra-balisé, de sa trop grande linéarité
et prévisibilité. Un film solide, communicatif,
honnète ; une grosse série B très plaisante.