J'ai eu un peu de mal à apprécier Foxcatcher
à sa juste valeur : et le scénario ne m'y a guère
aidé, tout du moins sa longue première partie.
Je l'ai trouvé trop sobre, trop sombre pour mettre en
valeur ce sport noble ; trop de make up, de manière à
la "actor's studio" (la démarche exagérée
de Tatum, les bras simiesques de Ruffalo, même si le but
était de copier leurs modèles). En fait le film
use de trop de temps pour démarrer et laisse ses défauts
rapidement prendre le dessus : car on mettra de longues minutes
à comprendre que cette histoire est atypique ; atypique,
sans doute, mais qui ne méritait pas forcément
2h15 de traitement englué de dialogues et de situations
plates destinées à nous laisser ressentir les
liens qui se tissent entre les deux personnages principaux.
C'est exactement cela : tout juste de quoi comprendre l'emprise
de Du Pont sur ce lutteur, mécène passé
d'investisseur à entraineur sans talent, de mentor à
"père". Voilà la grosse faiblesse du
film : sa lenteur jamais significative. Pour le reste l'oeuvre
sait merveilleusement capter l'âme de ce sport, sa violence
et sa beauté, B. Miller offrant une réalisation
stylée et typée où il place judicieusement
ses acteurs sur la droite de l'écran, toujours prêts
à entrer en scène, sur le tapis, et à débuter
le combat. Et il y a ces personnages trempés, notamment
celui de Du Pont : sa folie des grandeurs, l'omniprésence
de sa mère, sa passion qui en dit long sur le cordon
qu'il n'a jamais coupé, sa forte personnalité
aidée de montagne de dollars, son excentricité
qui le mènera à la folie. Un personnage sacrément
riche, cinématographiquement parlant. Et M. Schultz,
ce personnage renfermé, lui aussi un peu étouffé,
mais par son frère, un personnage plus fragile qu'il
n'en a l'air ; aidés par de monstrueux acteurs. C'est
au final plus un fait divers qu'une grande histoire, le film
ne la rendant jamais passionnante et sa froideur finissant par
nous rebuter ; dommage car on trouve un peu de cette intensité
tant recherchée dans les trois derniers quart d'heure.