Un jour de canicule, dans une cour intérieure d'immeuble
comme une fourmilière de vies et de personnages dans
leur intimité, un observateur privilégié
se rince l'oeil, tel le spectateur que nous sommes devant le
film auquel on assiste. La boucle est bouclée.
Hitch installe la scénographie, au sens propre comme
au figuré : on se met à l'aise dans des décors
de studio radieux, chaleureux, et on passe en revue, via une
belle et longue scène dialoguée, très inspirée,
les états d'âme du héros. J. Stewart est
formidable d'expressivité. Grace Kelly y est divine.
Puis l'intrigue éclate au grand jour : les suspicions
laissent place au doute, puis de nouveau les certitudes se font
préssentes ; et ces hésitations devienennent le
moteur de l'intrigue. Sublime. Il ne semble rester que le gimmick
des jeunes mariés et les problèmes amoureux d'une
voisine, comme une respiration dans le récit.
Fenêtre sur cour signe l'apothéose
de l'un des thèmes de prédilection du réalisateur
: le voyeurisme. Hitchcock le rend passionnant, pour ne pas
dire fascinant, générant un véritable suspens
haletant avec peu de choses, et cela en adoptant tout le temps
le point de vue du héros. L'étau se resserera
autant sur lui que sur nous. Avec des morceaux de bravoure tel
ce plan de l'homme qui rentre chez lui via son reflet dans la
fenêtre.
Scénario malin en diable et à la finesse de raisonnement
hors norme, c'est également une oeuvre qui nous interroge
: à l'aise que nous sommes dans cette position de voyeur,
il questionne notre curiosité naturelle, maladive, et
y répond de la plus hitchcockienne des manières.
Soyez curieux !!