L'enquête est un thriller politique
à la française, façon "Costa-Gavras".
Son gros défaut est peut-être de ne jamais s'échapper
de ce format (haut & bas de l'enquête, aides, problème
familiaux...), de ne jamais le booster ; esthétiquement
soigné, le format y est sans doute trop classieux, il
manque de fougue dans la réalisation et le montage, restant
un "James Bond verbal". Mais il reste un film maîtrisé
et surtout citoyen, au sens noble du terme, et utile. On ne
sera pas surpris par ce constat des dessous de l'argent sâle,
transitant entre les mains de nos futurs dirigeants, des politiques
occultes où l'honnêteté n'a plus droit de
citer, et d'une finance qui n'est que le cancer de nos pays
modernes, liant tout ce grand et beau monde. C'est un sujet
complexe, très, pas surprenant dans ses grandes lignes
et dont on ne peut, en 1h40 de film, comprendre tous les tenants
et les aboutissants, les subtilités ; mais le scénariste
s'en tire vraiment très bien dans son travail de vulgarisation
et l'oeuvre reste abordable... pour qui s'intéresse à
ce sujet. Nos trop riches républiques bannières
sont corrompues : faut-il pour autant voir le mal partout ?
Je répondrais à cette interrogation par une autre
question : existe-t-il des hommes politiques, et a fortiori
des multinationales et des banques totalement propres, blanches
comme neige ??? L'argent est la source du mal, il fait tourner
les têtes, pervertis à la fois les hommes, les
structures et les systèmes. Ce film n'est peut-être
qu'une simple piqure de rappel mais il permet de remettre les
choses à leur place, d'effectuer un devoir de mémoire
: alors qui sont les racailles aujourd'hui ? Les petits entrepreneurs
qui bossent parfois au black, les chomeurs qui trichent pendant
un ou deux mois, les petits dealers qui nourissent leur famille
ou les multimillardaires qui contribuent à faire crever
ces trois catégories de citoyens qui ne demandent qu'à
vivre en paix avec un minimum de revenu ?
Putain de libéralisme, putain d'économie de marché,
putain de justice et putain de république. Où
quand Goliath peut se permettre de battre David...