Drive est l'archétype même du film d'atmosphère,
le genre de film qui s'appuie sur un fond scénaristique
pour développer une cinématographie très
personnelle... libre à vous d'apprécier ou pas,
de ressentir librement l'ambiance générale du
métrage... ou pas. Je tenais à évoquer
d'emblée ce qu'il y a de meilleur dans cette oeuvre
: la photographie exceptionnelle (Cf. un plan que d'aucun
n'auront remarqué mais qui reste une perle visuelle
: celui où le driver et Irène sont dans leur
appartement, avec une vue extérieur nuit... sublime...),
des couleurs criardes -on y reviendra-, très pastelles
avec des dominantes vertes / orange, des lumières voluptueuses,
urbaines et apaisantes. Et puis W. Refn nous offre une réalisation
de haute volée, très variée, très
pensée, complètement aboutie, jamais gratuite
et qui mérite amplement moult relectures : les différents
jeux de lumière (dans l'ascenseur où le baiser
devient un acte intimiste, se détachant de par sa beauté
avant l'explosion de violence), jeux avec les arrière
plans, jeux de montage (en parallèle, lorsque le mari
revient et qu'ils se découvrent "amoureux"),
jeux avec le temps (des fins de scène alternent avec
leur développement) et jeux d'ombre (à la fin).
Une palette un peu flashy mais tellement efficace que l'on
aurait tort de s'en priver, de se priver de ce plaisir visuel.
Car ce film n'est pas long : il est plutôt langoureux,
à la manière d'un Taxi driver -encore un driver-,
la musique monocorde (et le personnage qui reste presque silencieux)
mettant en exergüe la violence qui jaillit ça
et là, brute de décoffrage. C'est sans doute
très personnel mais j'y ai trouvé une ambiance
chaleureuse, très années 80 (??? La tonalité
des couleurs sans doute, très appuyée), envoûtante,
comme une oeuvre nostalgique ou plutôt mélancolique,
qui cherche à envoûter le spectateur alors qu'il
existe une véritable tension à l'intérieur
de chaque scène, jusque dans ses scènes anodines
comme celle dans le couloir de l'immeuble, lorsque le mari
surgit à nouveau dans la vie des deux protagonistes.
Et puis les personnages sont fascinants : le héros
n'a pas de nom, tel un "caractère" eastwoodien
(Pale rider... un autre driver), un homme qui se trouve être
très proche du commun des mortels, calme et posé
mais capable de sautes d'humeur et d'une implacable violence
lorsque l'injustice se mêle à sa vie ; l'histoire
d'amour est aussi impossible que complexe et finalement tragique
; cinématographiquement passionnante. On ne pourrait
que lui reprocher son scénario linéaire mais
je le répète : ce n'est pas lui le topic du
film, il n'est qu'une simple colonne vertébrale qui
tient l'édifice. Une oeuvre rare, délicate et
difficile qui ne plaira pas à toutes les sensibiltés...
moi j'ai adoré.