Discount est un film aux rires jaunes, film
social à la française totalement bluffant et qui
mérite bien plus que le sort qui lui fut réservé
lors de sa sortie en salles...
Ne serait-ce que visuellement : ces lumières blanchâtres,
presque cadavériques, d'un début de journée
qui n'en finit plus, aussi mortelles que ces emplois qui succombent
aux lois économiques d'une société bassement
mercantile. Cette réalisation qui est emprunte d'une
étrange, presque dérangeante poésie dans
la composition savante de ses images. Magnifique et rare.
Et puis il y a le fond du sujet, que l'on connaît bien
et n'a nul besoin d'un documentaire : alors le film ne s'y borne
pas -et lorsque'il le fait nous surprend quand même- et
propose ses solutions, aussi radicales que les problèmes.
Soyez témoins du fonctionnement clinique des moyennes
(et grandes) surfaces, vu à la fois du côté
des employés et de la direction, nouvelles usines tayloristes
et lobotomisantes qui font reculer notre société
soit-disant moderne ; l'occident meilleur que l'orient ? Ben
voyons ! Le film se joue sur un air accusateur, pointant du
doigt les dysfonctionnements graves, les abjections qui conduisent
ces usines toutes puissantes à broyer leurs ouvriers
et leur travail ; à un point tel que l'on se demande
sans cesse où se situe la fiction et la réalité.
Discount est un film sincère, franc, sensible,
avec une pointe d'espérance simplement mise à
mal par son final ; un coup de gueule contre une société
de riches marchands exploitants les plus pauvres sans que cela
soit suffisant pour que ceux-ci vivent décemment, contre
une société si riche qu'elle se permet de gaspiller
alors que 2,5 millions d'enfants vivent dans la pauvreté,
soit près de 9 millions de français. Un coup de
gueule contre la seule loi qui gouverne cette immonde et injuste
société de consommation de masse (la rentabilité),
ce capitalisme effréné, contre la volonté
d'une minorité de gens aisés, contre l'ammoralisme,
celui contre lequel aucune loi républicaine nous protège.
Et le film n'en reste pas dans sa démonstration, comme
je le disais, et propose ses solutions : des Robin des bois
modernes aux motivations socio-économiques, volant les
riches gaspilleurs pour donner aux désargentés
affamés ; même si la très puissante société
capitaliste à tôt fait de les rattraper et trouver
une loi qui les humilie...
Le film soigne tout particulièrement ses personnages
qui ont chacun leur histoire propre et leur importance, c'est
un drame humain honteux et touchant, un cauchemar social qui
laisse des traces dans l'esprit des spectateurs. Excellent.