Un film brillant, bien qu'imparfait, sur la fascination
qu'exerce les armes à feu sur les êtres humains, et plus
particulièrement sur l'américain moyen. Un regard danois
signé du duo dogmatique Vinterberg / Von trier. Où quand
l'arme, objet de tous les désirs, devient un être à
part entière, doté du nom propre (souvent humain, d'ailleurs),
d'une existence propre (on lui écrit une lettre), d'un culte (cérémonie,
règles, parures d'apparat, société secrète...)
voir de sentiment (elle se fait désirer, est objet de désir,
d'amour et de jalousie). L'arme comme objet pacifiste et innocent de fascination,
objet d'un culte de non-violence qui ne sert plus à tuer mais entraine
son propriétaire dans une forme de névrose : sa possession
le rend plus fort, plus beau, elle fait presque des miracles, fait oublier
douleur et mort mais, en même temps elle l'écarte du monde
réel (les réunions sont secrètes, il y a distanciation
vis à vis de la communauté, vis à vis des désirs
-la jeune fille dévoile ses atouts et ne trouve qu'indifférence,
elle s'intéresse à la beauté humaine et déclenche
la surprise) jusqu'à le transformer lui-même en un objet
de ce désir. Le tout finira indubitablement en une tuerie démente
(filmé "cliniquement"...), une tuerie dûe à
l'amour (puisque tuer est aimer), à l'amour voué à
son arme, celle que l'on a subtilisé. Une tuerie aveugle, en bonne
conscience, comme les spectateurs d'un vulgaire reportage.
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