M. Ruffalo nous avait déjà gratifié l'an
passé du sublimissime New York melody
(à ce jour le meilleur film 2014 derrière Interstelllar),
voici qu'il nous présente aujourd'hui : Daddy
cool ! Gardant constamment l'équilibre, de
la plus merveilleuse des façons, entre le drame et la
comédie, le film nous présente en toute simplicité
les joies et les galères d'un couple avec deux enfants,
couple dont le mari a été diagnostiqué
bipolaire. Vous ne trouverez pas ici de scènes larmoyantes
cherchant à se faire s'apitoyer le spectateur du dimanche
soir, pas plus que de jeu d'acteur forçant un peu pour
s'adjuger la bienveillance de l'Académie des Oscar. Rien
de tout ça. Pourtant Mark Ruffalo y est GIGANTESQUE,
dantesque, mettant pour de bon les deux pieds dans la cour des
monstres sacrés du 7ème art. Et Z. Saldana y est
également formidable de retenu et de pureté.
C'est donc l'histoire d'une famille vraiment pas comme les autres,
pour bien des raisons (maladie, couple mixte, femme travaillant)
vivant à la toute fin des années 70 : et c'est
en cela, dans son dosage absolument juste et subtile, que le
film est vraiment touchant. On y rit sans cesse alors que l'on
découvre au quotidien une maladie embarrassante, on sourit
sans gêne alors que l'on évoque la petite pauvreté
d'américains moyens qui essaient de s'en sortir par tous
les moyens. On éclate de rire quand le film pointe du
doigt la bêtise d'une société qui voit d'un
très mauvais oeil ce papa-poule-gâteau qui passe
ses journées à la maison, à s'occuper de
ses filles et de son ménage. Ce film est tellement juste
qu'il m'a touché en plein coeur... Je ne vais pas vous
mentir : il résume de manière tellement troublante
ma vie en cette phrase qui sonnera de façon tellement
anodine pour bien des oreilles ("Ce qui est bien c'est
que papa est toujours là") que j'en suis resté
fortement ému... N'hésitez pas à jeter
un oeil curieux à ce gentil tourbillon de vie dans lequel,
même si cet univers est loin du vôtre puisque si
particulier, on se fait prendre illico presto avec une immense
délectation. La réalisation colle littéralement
au film : au plus près des acteurs, à l'épaule
mais sans se la jouer "docu-fiction". Une oeuvre tragi-comique
palpitante où les tout derniers plans, à la simplicité
incroyable, comptent parmi les plus beaux moments d'amour qu'est
connu le cinéma.
P.S. le titre "français" est vraiment faible
comparé au Infinitely polar bear original,
tellement plus riche d'idées et évocateur...