Chantage à l'adultère. Chantage au meurtre.
Le crime était presque parfait et l'intrigue
est tortueuse à souhait, étant donné que
tout semble avoir été pensé dans les moindres
détails. Tout ?
Arguant et partant d'une mécanique parfaitement pensée,
clairement exposée, puis paraissant d'ailleurs se dérouler
selon le cours des choses, malgré quelques aléas
tout à fait gérables. Le génie de ce film
tient avant tout en sa structure scénaristique, aussi
particulière que d'une imagination à se damner,
puisque le meurtre et l'intrigue nous sont présentés
en premier lieu. Le suspens va alors découler du déroulement
on ne peut plus aléatoire de ladite trame ! C'est ainsi
que le scénario se réécrit au fur et à
mesure, sur toute la longueur du film, tissant sa toile via
ce chantage qui évolue au fil des minutes, au fil des
situations fluctuantes, rabattant les cartes incessamment et
redoublant d'intérêt pour un spectateur pour le
moins médusé. Un imbroglio subtile et au ressort
intarissable, jusqu'en cette conclusion phénoménale
qui, en substance, conclut que le meurtre parfait n'existe sans
doute pas... L'erreur étant humaine ! Un simple, minuscule,
presque invisible détail qui éclaire tout et confond
le coupable de la plus sublime des façons. Un modèle
du genre : 1 000 fois copié, jamais égalé.
Pour sa part Hitchcock prend un malin plaisir à jouer
avec les premiers plans (décrivant sans doute l'embarras
des protagonistes), faisant d'un huis clos, adapté d'une
pièce de théâtre, un lieu de vie et d'action.
L'expressivité du réalisateur est impressionnante,
redoutable même, la variété de son vocabulaire
cinématographique est proprement vertigineux : on vit
alors le film avec d'autant plus d'intensité et de force.
Le crime était presque parfait est
une oeuvre merveilleusement machiavélique, un shot d'adrénaline
et d'excitation, rebondissant et génial de bout en bout.
Un classique et un monument imperturbable du 7ème art