A l'aube du 20ème siècle, dans une société
où la femme n'est ni plus ni moins que du bétail,
et pour son père et pour son mari, l'histoire d'une femme
noire au physique ingrat.
Spielberg allie la cruauté et l'élégance
-et quelle mise en scène !- pour compter un amour filial
et le récit en filligramme de la condition féminine,
plein de tendresse, de drôlerie et de tristesse ; un regard
sur la brutalité d'un mari aigri envers une femme trop
bienfaisante pour se rebeller. A travers le récit de
divers personnages entraînant, souvent réunis autour
d'une église ou d'une boîte aux lettres, j'y ai
clairement vu la terrible métaphore de l'esclavage, dans
toute son abjection et son impardonnable violence. Le tout sur
un fond de racisme pregnant, comme pour nous rappeler que nous
sommes tous l'esclave de quelqu'un...
Oeuvre singulière, sensible et dure, radieuse de jeux
d'ombres, de lumière irradiante, de musique noire et
dont le soin apporté aux transitions scéniques
est renversant, La couleur pourpre est traversé
de scènes à la puissance faramineuse. Une fresque
définitivement émouvante, forte et d'une intense
beauté.
Le jeu de Whoopie Goldberg est à tomber par terre.
Un très grand film, féministe avant l'heure et
d'une justesse incommensurable ; il n'a, hélas, pas pris
une ride...