Colt 45 devient percutant en l'espace de
quelques plans et nous savons tout de suite à qui nous
avons à faire : F. Du Welz est définitivement
l'un des plus talentueux réalisateurs du moment ; appliqué,
efficace, jamais dans l'esbroufe (amusez-vous à faire
une pause sur image à n'importe quel moment du film pour
vous en persuader). Dommage que ce projet-ci ne soit pas à
la (sa) hauteur : un scénario de série B quelque
peu rouillé avec son lot de personnages qui nous paraissent
d'emblée banals, une musique inadaptée pour ne
pas dire pénible et une intrigue diffuse tournant autour
d'un drame cornélien mal exploité. Si les dialogues
sont taillés dans le roc, les images proprement léchées,
il existe toutefois un véritable fossé qualitatif
entre le talent visuel éclatant et un film à la
maigreur scénaristique censée se dissimuler dans
ce qui, sur le papier, aurait dû être un lourd film
d'atmosphère, tendu et étouffant. On ne rentrera
jamais dans ce jeu et c'est bien dommage...