Le chat noir et le chat blanc comme témoins !
Chat noir, chat blanc est une oeuvre marginale,
bohème, peuplée de personnages abracadabrants
quand ils ne sont pas complétement ravagés, enrobée
de musique enjouée que ne renierait pas G. Bregovic,
et dont le ton est constamment celui de la farce gitane, coutumière
de l'auteur.
Jamais le cinéma n'aura été aussi absurde
que devant la caméra de Kusturica, c'est visuellement
éclatant, regorgeant d'idées et de détails
croquants (les divers engins complètement loufoques),
si bien que l'on est irrémédiablement embarqué
dans un tourbillon de folies furieuse, un feu d'artifice d'hallucinations
et un bonheur communicatif.
On y reconnaît d'ailleurs nombre de thèmes du maître
slave : la pauvreté, la course à la survie par
la débrouille, un peu de magie, la famille, les mariages,
la mafia locale...
C'est relevé, ça vous met la tête à
l'envers, l'humour y est ravageur (cet arrière plan où
le restaurateur soude ses pots de fleurs ; et le cochon qui
bouffe une voiture !) et on ne trouvera que difficilement œuvre
plus exultante, follement drôle. Et on ressent souvent
l'influence du cinéma muet sur celui de Kusturica.