Au cinéma il y a l'histoire et la façon
de raconter cette histoire ; pour ce faire il y a les acteurs, le réalisateur,
les dialogues... etc, etc. James Ivory a choisi -est-ce par amour pour
la littérature ? Pour transcender son adaptation ?- de ponctuer
son récit de voix off, très littéraires, descriptives,
afin de faire entrer le spectateur dans le bonheur de "feuilletter
son film". Hélas il a oublié un détail capital
: le cinéma est un art de l'image ; la caméra est "description",
les décors sont "descriptions", les acteurs, enfin, le
sont également. Et entendre 1 h50 durant une double description
de chaque évènement infime (l'actrice traverse une pièce
au son d'un "la jeune fille traverse la salle à manger"
tellement évident que s'en devient débilisant) nous fait
paraitre, au pire, abruti, au mieux, aveugle. Alors ? Est-ce le premier
film pour mal-voyant ? Oui, mais on aurait aimé avoir le choix
de la version. Maintenant on peut aussi parler du film : le Ivory de Howard's
end en plus audacieux... enfin faut aimer les histoires de bourgeois prétentieux
et coincés où un simple baiser fait grandement philosopher,
agite à tout va et renverse le cours de l'existence au point de
tenir en haleine ce "beau" monde durant 1h50. |