La banque gagne toujours.
Magouilles et pots de vin, triche et arnaques : mieux que de
nous présenter les dessous d'un Las Vegas naissant et
tous les rouages d'un casino, Martie nous plonge au coeur de
la construction de la ville de tous les vices, elle-même
batti sur les pires péchés. Casino
narre la vie d'un gérant de casinos ainsi que celle de
sa sublime femme et d'un ami d'enfance gênant, petite
frappe hystérique du gangstérisme local. Quand
affriolant rime avec violent, sur une musique pas loin de jouer
les diva, Casino est une nouvelle exploration
des thématiques chères à l'auteur.
Pour moitié film de gangster, pour l'autre "film
sur Las Vegas", c'est un scénario qui croise deux
genres qui devaient un jour se rencontrer, une œuvre tous
azimuts qui n'apporte peut-être pas grand chose à
la cause de ces deux genres, ni à celle de son maître
d'oeuvre puisqu'ayant inventorié le sujet maintes fois,
mais qui demeure un réel plaisir de cinéma, ce
type de film qui vous séduit par bien des biais...
Car Scorsese emballe tout cela avec son élégance
et sa maestria habituelles, une harmonie visuelle destinée
à faire avaler la pillule d'une violence sans fard, livrant
ici un travail de velours. Parce que le casting, ce trio d'acteurs
exceptionnels, fait de véritables étincelles sur
l'écran ; entre un De Niro absolument classe et dans
ses pantoufles, un Pesci nerveux à souhait et comme à
la maison (ce dernier s'octroie les répliques les plus
caustiques), et une Sharon Stone en pute paumée amoureuse
des billets verts et des diamants. Et sans compter sur une pléthore
de seconds rôles gratinés. Et il y a, enfin, cette
love story ratée entre Ace et Ginger, ambiguë, unilatéralement
sincère, éruptive, dans un pur film scorsesien
qui n'oublie jamais d'être drôle.
Un cocktail irrésistible et savoureux, une fresque moderne
et un rien historique s'achevant en apothéose. De violence,
bien évidemment.